Lorsque vous entrez dans un supermarché, il vous faut considérer que 80 à 85% des produits alimentaires que vous pourrez acheter seront des aliments ultra-transformés. Pourtant, d’après des études récentes, une augmentation de 10% de la proportion d’aliments ultra-transformés dans le régime alimentaire augmente de plus de 10% le risque de développer un cancer !
Comment agissent-ils sur notre santé ? Et s’ils sont nutritionnellement inintéressants voir néfastes, comment les reconnaître, comment les différencier et comment les éviter ? Voici nos conseils pour naviguer dans les eaux troubles de l’alimentation industrielle !
Qu’est-ce que les aliments ultra-transformés ?
Les aliments ultra-transformés sont des produits alimentaires et des boissons dont la fabrication comporte plusieurs étapes et techniques de transformations et basés sur l’ajout d’une variété d’ingrédients, dont beaucoup sont utilisés exclusivement par l’industrie. Ces produits font appel à toute une gamme d’additifs, un terme qui englobe l’ensemble des substances alimentaires qui ne sont pas habituellement utilisées en cuisine et que les industriels utilisent pour imiter un aliment brut ou pour masquer des défauts du produit fini.
Considérablement altérés, entre autres par l’ajout de sel, de sucre, de gras, d’autres substances non utilisées dans les préparations culinaires telles que les huiles hydrogénées et les amidons modifiés, d’additifs, d’agents de conservation et de couleurs artificielles, ce sont pour la plupart des produits rapides et faciles à consommer, au packaging ultra attractif et aux goûts agréables. Et voilà le piège qui se resserre…
Comment déceler les aliments ultra-transformés ?
Pour reconnaître les aliments ultra-transformés, pas d’autres choix au départ, que de prendre plus de temps au moment des courses, histoire de scruter un peu les emballages. Car tous les produits emballés ne sont pas forcément des produits ultra-transformés ! Pour vous y retrouver, la classification Nova considère comme ultra-transformées les formulations industrielles contenant cinq ingrédients ou plus ainsi qu’un très haute teneur en sucre ou en sel, permettant de booster les qualités gustatives du produit sans aucun apport nutritionnel, bien au contraire.
En partant de de ce constat, une équipe internationale de chercheurs spécialisés en alimentation, a développé la classification Nova, qui divise les aliments en quatre groupes :
- Les aliments bruts ou peu transformés : on retrouve principalement dans cette catégorie les légumes, les fruits, les légumineuses, les graines, les noix, la viande, les fruits de mer et poisson, les œufs et le lait. Ce sont des aliments entiers, qui n’ont subi qu’une transformation pour faciliter leur transport et leur consommation. Ce sont également des produits que vous pourrez retrouver chez vos commerçants locaux et dont la qualité nutritionnelle sera bien souvent supérieure.
- Les ingrédients culinaires transformés : de manière générale, cette catégorie regroupe les produits facilitant la préparation des repas comme les épices ou encore les herbes aromatiques fraiches en sachet. S’ils sont de bonne qualité et uniquement transformés pour faciliter leur utilisation, il reste des aliments nutritifs, indispensables pour donner du goût et de la couleur à vos plats. Faites donc attention à leurs compositions !
- Les aliments transformés : Bien qu’on ait ajouté de l’huile, du sucre ou du sel à ces aliments emballés, on ne parle pas encore « d’ultra-transformé » mais de « transformé ». Autrement dit, on a ajouté uniquement ce qui était nécessaire pour faire du produit brut un aliment de commodité vous permettant de préparer des repas nutritifs. Ici encore, tout est question de la composition dudit produit, qui ne doit pas être rendu néfaste pour la santé. C’est le cas du pain, des pâtes, du fromage, du beurre, des légumes en boites ou encore du tofu et du thon en conserve. Bien qu’ils soient emballés, ces produits conservent une bonne valeur nutritive et seront de bons alliés pour une alimentation saine et équilibrée.
- Les produits alimentaires et boissons ultra-transformés : c’est dans ce groupe que l’on retrouve les pains et brioches industriels, les barres chocolatées, les biscuits apéritifs, les sodas et boissons sucrées aromatisées, les nuggets de volaille et de poisson, les soupes instantanées, les plats cuisinés congelés ou prêts à consommer, et tous produits transformés avec ajout de conservateurs autre que le sel (nitrites par exemple). Bien que ces produits aient un apports nutritionnel inexistant voir dangereux pour certains, c’est de ce groupe que proviennent 50% de notre apport calorique ! De quoi se laisser convaincre que les éviter, c’est donner un second souffle à sa santé !
La consommation des aliments ultra-transformés est-elle un facteur de cancer ?
Ces dernières années, de plus en plus d’études ont démontré la corrélation entre la consommation abusive de produits ultra-transformés et le développement de risques d’obésité, de maladies chroniques telles que le diabète, le cholestérol et les maladies cardio-vasculaire mais aussi de cancers.
Au cours d’une récente étude menée par les chercheurs de l’Inserm, de l’Inra et de l’Université Paris 13 auprès de 105 000 participants de la cohorte NutriNet-santé pendant deux ans, pas moins de 2228 cas de cancer ont été diagnostiqués.
Les résultats ont amené les chercheurs à définir qu’une augmentation de 10% de la proportion d’aliments ultra-transformés dans le régime alimentaire était associée à une augmentation de plus de 10% du risque de développer un cancer, et plus spécifiquement un cancer du sein.
Un chiffre impressionnant lorsque l’on sait que bons nombres de personnes basent principalement leur alimentation sur la consommation d’aliments ultra-transformés.
Comment limiter sa consommation d’aliments ultra-transformés ?
Vous l’aurez compris, tout l’enjeu sera d’être dans la demi-mesure. Au vu des risques pour votre santé, pas question d’avoir une surconsommation de ces produits ultra-transformés, mais personne ne vous demande de retourner à l’âge de la cueillette et de la chasse ! Pour éviter les pièges les plus récurrents, voici nos bons réflexes :
- CUI-SI-NEZ ! Et oui, il n’y a pas de secrets. Cuisinez et transformez vous-même des aliments bruts sera le meilleur moyen de manger le plus sainement possible. Certes, faire une soupe maison sera un poil plus long que d’ouvrir une brique de soupe industrielle mais en termes de goût et d’apports nutritionnels, il n’y aura pas photo ! Votre santé de mérite-t-elle pas quelques heures de cuisine par semaine ? Nous, on connaît la réponse…
- Soyez vigilent aux ingrédients : Ce n’est pas parce qu’un produit affiche un packaging « bio » et « sain » qu’il n’est pas ultra-transformé. Tout comme un camembert acheté au fromager du coin n’aura pas le même degré de transformation qu’un camembert premier prix de votre supermarché. Au départ, prenez donc le temps de vérifier la composition des produits transformés que vous consommer le plus et éliminer petit à petit ceux qui sont ultra-transformés (et bien souvent pas si indispensables que ça !).
- Considérez la provenance : un exercice simple à faire même avec les enfants ! « D’où provient une pomme ? D’un arbre. Et le poisson ? Des océans ». Lorsque vous n’arriverez pas à définir la provenance d’un produit, du fait qu’il ait été trop transformé, il est fort probable qu’il n’ait aucune valeur nutritionnelle ni nutritive, et donc aucun intérêt.
- Privilégiez les produits à haut pouvoir satiétogène : Ce seront pour la plupart des produits bruts ou transformés qui vous donneront la satisfaction de la sensation de satiété après avoir été dégustés. Avec une quantité importante d’apports en fibres et en protéines, ils vous procureront tous les nutriments nécessaires au bon fonctionnement de votre organisme. Alors oui, cette pomme est moins attractive que cette belle barre chocolatée mais vous n’aurez pas besoin d’en manger 10 pour combler votre faim, tout en limitant l’apport calorique de votre en-cas !